- eschec
- Eschec, m. acut. Est un mot descendu de cestuy morisque Xéque (qu'il convient prononcer comme s'il estoit escrit Scheque) qui vaut autant que seigneur, Roy, Prince, comme Xéque Ismaël; et est usité au jeu des Eschecs quand aucune piece de l'adversaire tire de droit fil, sans destourbier entredeux, à nostre Roy; comme si en tel estat du jeu il advertissoit le Roy de partie adverse de se couvrir, parer, ou mouvoir de place, disant Xéque, c'est à dire Roy prens garde à toy. Et quand il le tient si assiegé qu'il ne peut se mouvoir ne couvrir qu'il ne soit en prinse, Il dit Xéque mato, ou mate, c'est à dire Roy je te mets à mort, qui est le gaing du jeu, ce que les François dient par corruption du mot Eschec et mat, Et les Italiens aussi, Scacco matto, l'Espagnol approche plus ledit mot morisque, disant Xáque, Mais Eschecs en pluriel sont les pieces dont le jeu est composé qui sont seize de chaque costé, assavoir le Roy, la Royne, et à chacun d'eux leur fol, leur chevalier et leur roc, et à chaque desdites pieces son pieton ou champion, lesquelles pieces ont differentes alleures et desmarches, selon ce on dit, le jeu des Eschecs, Scruporum siue latrunculorum lusus, Et jouër aux eschecs, et Eschiquier, le tablier ou damier sur lequel ledit jeu est joué, Alueolus, Tabula lusoria.Eschec ou eschec et mat, est aussi employé par metaphore, pour desastre, ou infortune, à laquelle n'y a nul remede, comme, celuy a esté {{o=asté}} un grand eschec, Hoc ingenti Infortunio ac calamitati illi fuit, ou, Il luy a donné eschec et mat, Magno illum mactauit Infortunio, On dit aussi en moins aigre signification, donner eschec et mat, pour vaincre, surmonter, surpasser, comme, Il vous donnera en toutes sciences eschec et mat, In omni te disciplinarum genere facile vincet.
Thresor de la langue françoyse. Jean Nicot.